Mardi 29 novembre 2011 à 13:55

Cher Dieu, hé tu te souviens de moi ? Hein ? Non mais comme tu dois quand même suivre les vies de six milliards d'êtres humains au jour le jour, je me demande si niveau administration ça te pose jamais problème ? Remarque t'as blindé d'anges et de saints pour t'assister dans ta tâche, mais au cas où, je te redresse le topo en ce qui me concerne : moi, heu... mon nom je te le communique par télépathie, hein, j'ai pas envie de le mettre sur un blog public en fait... La fille qui te parle est cette pauvre couillonne belge de 18 ans, détentrice d'une soeur qui en a 20 (tain c'est vrai qu'elle a déjà vingt ans ! comme le temps passe !) ainsi que de deux demi-frères au Canada aux alentours de la trentaine dont un qui a déjà quatre mômes. Tu suis ? Voilà pour la fratrie. Ma mère, je te la présente pas, tu dois bien la connaître vu qu'elle te prie tout le temps. Mon père, athée convaincu, je te rappelle que c'est le mec alcoolo qui se meurt de solitude dans une belle baraque à la campagne et à qui j'ai fait la gueule pendant beaucoup trop longtemps pour des raisons idiotes... Puisqu'on parle de lui, si tu existes, ça te ferait rien de lui filer un coup de main ? Genre, un petit coup de pouce qui lui redonnerait le goût de la vie, ça lui ferait plaisir tu sais. Je dis "si tu existes" parce que s'il est nécessaire de te secouer la mémoire, je te signale que même si je te parle, ça fait déjà un petit moment que j'ai arrêté d'être croyante. Pour le peu de temps que je l'ai été... Encore que dire : "je suis plus croyante", ça n'a pas de sens parce que comme tout le monde y a plein de choses en lesquelles je crois, les valeurs, la beauté, l'amour, la justice, etc, etc... Je rectifie : disons que je ne suis plus chrétienne. Je suis agnostique. Il n'empêche que l'esprit de ton fiston, là, Jésus, je continue à le kiffer ! "Aime ton prochain comme toi-même" : ça fait rêver, hein, quand tu vois les gens dans le bus qui se haïssent alors qu'ils se connaissent même pas... "Condamne le péché et aime le pécheur", c'est vraiment terrible comme phrase aussi, quand tu sais que dans cette société si on te condamne une fois à la prison, t'es condamné aussi pour toujours à l'opprobre populaire, et surtout quand tu constates que le passe-temps favori des gens est de se cracher dans le dos. Il force l'admiration, ce mec. Un vrai rebelle ! Bref, tu vois, y a quelques trucs que j'aime bien dans ton bouquin sacré à demi pourri par les saletés intégristes. Tiens regarde : tellement le christianisme m'a touchée - et je sais pas si tu l'as remarqué, mais c'est dans l'espèce de hall d'entrée de ta maison, l'église, quoi, que je suis en train de t'écrire, parce que je continue à y aller régulièrement, pas pour prier mais tout bêtement parce que c'est calme et joli à l'intérieur, et ça me fait bien rigoler quand les gens de mon école parlent dans mon dos et me voient comme une bigote, alors que je crois même plus en toi... C'est marrant, non ? Qu'est-ce que je voulais dire, déjà ? Ah oui : tellement ça m'a touchée tout ce délire, que je continue à te parler dans ma tête... Tu as peut-être noté que je mets pas de majuscule aux pronoms supposés te désigner, normalement ça se fait, mais ça deviendrait vite lourd à force sur un blog alors tu m'en veux pas, hein, t'as dit que t'aimais tout le monde, t'auras bien pitié d'une mécréante. Je disais donc : j'ai rejeté la religion, j'ai rejeté la foi en toi, mais t'es un peu comme un ami imaginaire pour moi, tu l'as compris, hein ? Je te parle comme je parlais à Paprika Nuts, tu te souviens, le lémur catta qui grimpait sur mon épaule et même que je voulais en faire un tatouage, mais je crois que je vais y renoncer, finalement. Alors je m'en branle bien au final de savoir si tu existes ou non, ça m'amuse, c'est tout. Et à part ça, faudrait peut-être songer à y aller puisque mon cours de philo commence dans sept minutes. À plus, vieille branche.

Mardi 29 novembre 2011 à 16:47

 Tu le sais déjà, Dieu, mais t'es mon artiste préféré. Et prends bien note, hein, parce que c'est pas tous les jours que je lustre les bottes des copains ! Je te signale, en outre, que je te mets même au-dessus de Bill Watterson pour ce qui est de l'art et ça, c'est pas rien, alors j'espère que t'es flatté dans la mesure où ton existence n'est même pas vérifiée. Je dois admettre que pour ce qui est de ma sortie de l'église d'il y a quelques heures, t'as complètement géré sur le décor. J'avais à peine mis un pied dehors que je me suis tout prise dans la gueule en même temps : la rafale de vent frais, la vision du ciel couvert et de la petite douzaine de pigeons qui tournoyaient au-dessus de moi avec leurs ailes déployées, et puis les feuilles sèches d'automne qui tournoyaient sur la place en bruissant. C'était tellement cool que j'ai commencé à tourner sur moi-même en marchant comme une droguée avec le pif tantôt levé sur les oiseaux qui tournaient et tantôt baissé sur les feuilles qui tournaient aussi en faisant de la musique. Y avait de quoi choper le vertige, mais j'avais peur de rater un truc dans les secondes qui suivraient. C'était un de ces moments qui donnent l'impression que les divers éléments de ta création ont décidé d'organiser un ballet.

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